Le Stade Massabielle

15/03/2018

La fin de l'été arrivait, avec ses longues après-midi oisives et chaudes. On tuait nos soirées d'août à la piscine municipale. Patrick frimait devant les filles et on rêvait de les retrouver, Dolorès, Frédérique, Sophie...à la rentrée, dans notre classe.

Du terrain de Massabielle montaient des parfums d'herbe coupée. Une averse d'orage  et il fallait vite se glisser sous un grand chêne, la montée dans le Landreau était interminable.

La visite médicale au club marquait le premier signe de la rentrée. La reprise de l'entraînement se faisait au Bois-Vert, on mangeait des kilomètres, la sueur coulait sur notre bronzage et la jeunesse insouciante de notre adolescence allait se mesurer au dur réalisme du monde des adultes. Il fallait tenir son rang dans le test de Cooper, ne pas s'effondrer dans les innombrables tours de terrain et ne pas hésiter à montrer la semelle. C'est à ce prix qu'allait se jouer une place de remplaçant dans l'équipe première ou la réserve, pour les premiers matches de préparation.

Patrick nous dominait tous par sa taille, libéro charismatique, piètre technicien mais dur sur l'homme. Il frimait devant les filles à la piscine, seul lieu de villégiature que son père ouvrier pouvait lui offrir de tout l'été. Il faisait se pâmer Dolorès, Frédérique ou Marjorie, que l'on rêvait de retrouver dans notre classe à la rentrée. Lui avait remporté les 24 heures à la nage pendant que je découvrais l'Espagne, dans la caravane pliante de mes parents.

Tony, sur sa 103 Shopper, avait le sourire carnasssier du séducteur. Il était la gentillesse même. Il dévalait sur son aile droite et capitalisait sur les ballons millimétrés que je lui adressais depuis des années. On se trouvait les yeux fermés. Mais les prémisses de la puberté nous avaient séparés. Il passait ses week end avec d'autres copains, dans de longues courses à mobylette et dans les boums de la Gaubretière ou d'Ardelay. Mais le terrain nous réunissait encore. Il y avait aussi Patrice, Jacky, Jean-Luc, Stéphane, Freddy et Fred. La vie et les études commençaient à nous séparer mais rien ne pouvait briser ce qui nous liait depuis nos 7 ou 8 ans. La Puce lui avait probablement déjà décidé de nous quitter".

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