Non Non Non les Herbiers Sport ne sont pas morts !

22/03/2018

On achetait immanquablement nos chaussures de foot chez Avenet. Ou à la boutique Patrick à Mesnard la Barotière, ça nous donnait des airs de Boniek ou de Platini. On portait des survêtements sans marque et les shorts fournis par le club nous irritaient entre les jambes. Le cérémonial de début de saison était toujours le même, on allait signer nos licences chez Gégène Talbot et quand on changeait de catégorie, il fallait s'habituer à un nouvel entraîneur. Les "Allez les grands pères" de Christian Maudet étaient remplacés par les causeries au français très aléatoire de Robert Gilbert. Popol Guicheteau, le plus sympa, nous transportait en cadets dans son Horizon. Il mettait des cassettes de Claude François et fûmait des Gauloises. J'arrivais à Cugand ou à Challans le plus souvent le cœur au bord des lèvres, mais sur le terrain, tout ça était vite oublié.

Plus tard, le week end, je pigeais pour Presse Océan, à la locale des Herbiers. Ma mission était de mettre en boite assez de sujets pour remplir la page du lundi, voire du mardi. Pas toujours simple, alors un week end je suis allé faire un sujet sur l'équipe de Dany Guilbaud, en cadets régionaux.

Une petite brume d'un dimanche matin de novembre, qui pénètre bien les os. Les traits sont tirés, il doit être 9h30, certains n'ont pas dormi beaucoup. Comme Jean-Luc "Zizi" Soulard, l'imprévisible gardien de but, debout, à l'extrême droite du cliché, maillot jaune "Avenue Les Herbiers", col noir pelle à tarte. Accroupi à ses pieds, le "petit" Châtaigner, fin dribbleur mais pas assez costaud pour les duels du championnat régional, contre les "bouchers" de l'Eglantine et du Foyer Trélazé ou les costauds du SO Cholet, de Saint-Nazaire ou du FC Yonnais.

Yannick Roger, debout au centre, Patrick Barré et le coach, K-Way bleu, Dany Guilbaud.

Dany, c'était le Maxime Bossis des Herbiers, élégant et efficace. Bossis était né vers Montaigu mais n'avait jamais joué aux Herbiers, vite parti à Nantes. Dany, c'était la retenue, jamais dans l'agressivité, mais précis, régulier, impeccable dans la relance, solide dans les tacles, sans aucune violence. Le mec poli, discret, sur qui on peut compter. Le coach était à l'image du joueur, un taiseux, capable d'expliquer en peu de mots, parfois cassant quand il le fallait. Faisant confiance. Probablement pas assez méchant, comme coach comme joueur, mais attachant, fiable et fidèle. Il fait partie de ces très bons joueurs régionaux qui à une autre époque aurait eu un autre destin.

Le dimanche, on allait le voir jouer à Massabielle. L'équipe première tutoyait les sommets en 4e division, s'illustrait dans le Coupe de l'Atlantique et on se retrouvait à l'entraînement sous les ordres de nos modèles du dimanche.

Personne ou presque ne rêvait d'un destin de footballeur. Les opérations de détection se terminaient au 3e ou 4e tour, les joueurs du FC Yonnais et du FC Nantes monopilisaient les places en sélection départementale et régionale. Les vedettes du football s'appelaient Giresse, Tigana et Ferreri, mais n'étaient pas des stars. Leurs exploits extra-conjugaux, s'il y en avait, ne s'étalaient pas dans les journaux. L'élévation sociale ne passait pas par le football mais encore par l'école et le travail. Le football était une occupation, un loisir et les parents ne nous poussaient pas.


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